Journée Internationale de la liberté de la presse : l’AMDH interpelle le gouvernement de renforcer la protection et la sécurité des journalistes et celles de leur matériel de travail surtout lors des manifestations sociopolitiques

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A travers une déclaration à l’occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse, l’association des médias pour les droits humains (AMDH) dresse les difficultés auxquelles les journalistes des médias guinéens sont confrontés et proposent des recommandations au gouvernement et aux patrons de presse.

Ci-dessous Déclaration :

Mesdames et messieurs les représentants des associations de presse et organisations des médias,

Chers consœurs et confrères,

Distingués invités,

Mesdames et messieurs,

Je voudrais tout d’abord vous remercier pour cette mobilisation qui témoigne de l’intérêt que vous portez à cette journée internationale de la liberté de la presse dans notre pays.

Il importe de rappeler que la journée du 03 mai que nous célébrons aujourd’hui marque le 31ème anniversaire de la déclaration de WINDHOEK qui est un énoncé de principe établi par les journalistes africains en 1991, appelant à une presse libre, indépendante et pluraliste sur notre continent et à travers le monde. Cette déclaration affirme que la liberté de la presse est indispensable à l’existence de la démocratie et constitue une aspiration fondamentale de la personne humaine. Pour nous femmes et hommes des médias, la déclaration de Windhoek marque une étape importante de la lutte pour la liberté de la presse dans toutes les régions du monde.

Il n’est pas superflu de souligner que cette déclaration de Windhoek n’est rien d’autre que la réaffirmation de l’article 19 de la déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 qui stipule que : « Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de rependre, sans considération de frontière, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit ».

Ne perdons pas de vue que l’émergence d’une presse libre est historiquement liée à la construction des régimes démocratiques, ce qui témoigne de la place qui lui est réservée dans de nombreuses constitutions: cas de la Guinée avec la loi fondamentale de 1990 ; aux Etats –Unis, le 1er amendement de la constitution en 1791.

Chers consœurs et confrères

En ces instants de souvenir et de ferveur, nos pensées, nos émotions et nos prières vont vers les journalistes et les éditeurs à travers le monde et particulièrement ceux du SAHEL (Mali et Burkina) notamment,  qui sont assassinés, agressés, emprisonnés voire harcelés, simplement pour avoir osé relater les faits voire restituer la vérité dans un contexte de conflits communautaires et religieux et de menaces sécuritaires permanents. Dans ces deux pays, les autorités militaires ont suspendu les antennes de RFI et de France24 et expulsé plusieurs journalistes étrangers, privant du coup les populations concernées de leur droit à une information équilibrée et crédible.

En dehors de son caractère festif, la journée du 3 Mai est surtout une opportunité solennelle pour les médias de rappeler au gouvernement et au public l’importance de la liberté de la presse et le fait que des gens ainsi que des organisations de la société civile continuent de lutter à travers le monde pour conquérir ou restaurer cette liberté.

Selon RSF, l’état de la situation de la liberté de la presse en Afrique enregistre certes, des hausses notables, mais l’exercice  du journalisme est devenu globalement plus difficile dans près de  40%  des pays, contre 33% en 2022.

En Guinée, si nous pouvons nous réjouir aujourd’hui du fait qu’aucun journaliste ne croupit en prison ou ne se trouve devant les barreaux, mais les défis et les contraintes  demeurent encore nombreux et de taille. Je citerais entre autres :

Le traitement de faveur accordé aux médias publics aux dépens des médias privés en ce qui concerne les communications gouvernementales ; Les menaces et intimidations quotidiennes dont fait l’objet certains journalistes qui s’aventurent à mener des reportages et autres enquêtes sur certaines institutions et personnalités politiques de notre pays ; Les violences, agressions et destructions de matériels de travail des journalistes particulièrement lors des manifestations sociopolitiques.

Selon le SPPG, 25 de nos confrères et consœurs ont été victimes en 2022 ; Les convocations, arrestations et suspensions de journalistes de plus en plus fréquentes. RSF relève que pour le seul mois de  septembre 2022, la HAC a suspendu 5 journalistes sans respecter les procédures légales; La non publication de la loi d’accès à l’information publique; La faible spécialisation des journalistes; Le manque d’infrastructures et d’équipements de qualité à l’instar d’autres pays de la sous-région ;

La cherté des intrants pour la presse écrite; L’inexistence de convention collective, malgré les efforts louables du SPPG, pour les journalistes des médias privés et d’un statut particulier pour ceux travaillant dans les médias d’Etat.

Comme vous le voyez la liste est loin d’être exhaustive. Face à ces contraintes et à bien d’autres, l’AMDH recommande :

AU GOUVERNEMENT: de renforcer la protection et la sécurité des journalistes et celles de leur matériel de travail surtout lors des manifestations sociopolitiques; La publication dans le journal officiel de la République dans les meilleurs délais, de la loi d’accès à l’information publique, gage certain de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption considérées  comme principal cheval de bataille de la transition ;

De mettre fin aux menaces, aux intimidations, et harcèlements des journalistes dans l’exercice de leur métier; De prendre en considération les amendements de la L002 et la L003 proposés depuis juin 2022 par les associations professionnelles et organisations des médias; De permettre aux journalistes des chaines de radios et télévisions privées d’accéder à tous les événements officiels au même titre que leurs confrères des médias d’Etat;

D’accompagner techniquement, matériellement et financièrement les patrons de presse dans la numérisation de leurs médias; La nomination des journalistes aux postes de responsabilités dans les médias d’Etat sur la base de la compétence professionnelle, de l’expérience acquise et de l’intégrité morale ;

AUX PATRONS DE PRESSE

-De parvenir dans les meilleurs délais à la signature d’un contrat de travail avec les journalistes exerçant dans leurs médias respectifs ;

– De rehausser le SMIC des journalistes qui varie d’un média à un autre, de 440.000 fg à 1000.000 de fg.

Je m’en voudrais de terminer cette déclaration sans adresser les vifs remerciements et la gratitude de notre organisation, l’AMDH, à son principal partenaire REPORTERS-SANS-FRONTIERES, pour le soutien moral et l’appui technique et financier qu’il ne cesse de nous apporter dans la mise en œuvre de nos initiatives.

Aux associations et organisations des médias

De renforcer la confraternité, la solidarité et la collaboration en tous lieux et en toutes circonstances dans l’unique but de préserver les intérêts matériels et moraux de la corporation.

LE BUREAU EXÉCUTIF DE L’AMDH

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