Acquisition d’un avion pour la Guinée : le peuple est en droit de poser des questions (Tribune)

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La Présidence guinéenne vient d’annoncer l’acquisition d’un avion par le Président de la transition au nom du peuple de Guinée. La nouvelle fait couler beaucoup d’encre et de salive. Sur la page Facebook de la Présidence, l’annonce de la nouvelle est titrée comme suit :  » Le Chef de l’Etat réceptionne un avion pour la Guinée ». Pour plusieurs Guinéens, c’est une action salutaire. Cependant, plusieurs questions doivent être posées pour éclairer la lanterne du peuple au nom duquel le vol a été acquis.

Tenant compte de l’article publié sur la page de la Présidence, il y a lieu de se poser une certaines interrogations en toute objectivité.

D’abord, à analyser ce titre  »Le Chef de l’Etat réceptionne un avion pour la Guinée », on pose la question suivante : il réceptionne l’avion de qui ? D’où ? Et quelles ont été les conditions d’acquisition ? L’acquisition de ce type d’appareil est elle synonyme de la mise en place d’une compagnie aérienne ?

Outre ces questions, pour l’achat d’un quelconque bien mobilier de surcroît un avion au nom de l’Etat Guinéen, la procédure normale voudrait qu’il ait un appel d’offre, qu’une société de construction ou de vente soit recrutée pour bénéficier d’un contrat en bonne et due forme, que le mode de paiement soit indiqué et que la source de financement soit clairement définie. A-t-on procédé ainsi ?

Secondo, la représentation nationale, c’est à dire le CNT qui fait office de parlement sous cette transition, devrait étudier le dossier de fond en comble et analyser tous les paramètres. Cela a-t-il été fait ?

Aussi, l’avion qu’on dit avoir acquis au nom de la Guinée, a-t-il été acheté ou il s’agit là d’un abonnement Silver (90 jours), Gold (1 an) ou Business (3 ans) ?

Puisqu’on parle d’un premier avion sur 3 qui sont annoncés, il y a lieu de se poser la question si ce sont des vols commerciaux ou des jet privés ?

S’il sagit des avions de voyages, il faut l’existence d’une compagnie aérienne. Et pour cela, il faut plusieurs préalables. Posez la question aux spécialistes de l’aéronautique pour comprendre le mécanisme et ses contraintes.

Dans tous les cas, on ne peut acquérir un vol au nom du peuple, sans que ce peuple ne soit informé des conditions d’acquisition à travers la représentation nationale.

L’achat d’un avion n’est pas égal à l’achat d’un véhicule. Le coût est trop élevé pour ne pas en informer le peuple.

Par exemple, pour un avion d’une autonomie de 3 700 km et d’une capacité de 9 passagers, le prix est de 17 millions d’euros soit 154 milliards 225 millions 360 mille francs Guinéens.

Un avion d’une autonomie d e4 500 km et d’une capacité de 12 passagers, le prix est de 30 millions d’euros soit 272 milliards 162 millions 400 mille francs Guinéens.

Pour un jet d’affaires neuf long-courrier avec une autonomie de 11 300 km et d’une capacité de 16 passagers, le prix est de 45 millions d’euros soit 408 milliards 243 millions 600 mille francs Guinéens.

Pour un Bombardier Global muni d’une autonomie de 13 000 km et d’une capacité de 19 passagers, le prix est d e65 millions d’euros soit 589 milliards 685 millions 200 mille francs Guinéens.

Et si c’est un avion de 25 places avec 11 000 km d’autonomie, le prix est de 85 millions d’euros soit 771 milliards 126 millions 800 mille francs Guinéens.

Or, dans la loi des finances 2021, le budget de la Présidence s’élevait à 725 milliards 33 millions 324 mille francs Guinéens alors que celui de la primature était de 189 milliards 105 millions 68 mille francs Guinéens répartis entre toutes les dépenses définies par la loi.

Dans cette loi des finances, il n’est mentionné nulle part l’acquisition ou l’achat d’un avion. Alors d’où vient cet avion et les deux autres qui devront arriver ? Combien a-t-on investi pour son acquisition ?

Le peuple a droit de savoir.

Mamoudou Babila KEÏTA 

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