Kankan : des femmes exigent la libération de Nanfo Ismael

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Depuis maintenant une dizaine de jours, nous avons assisté avec beaucoup d’amertume, à l’arrestation brutale et violente de l’imam Nanfo Ismaila Diaby pour avoir dirigé la prière dans sa langue maternelle. Cette arrestation est survenue au domicile privé de l’imam, le jour même de la réjouissance collective des fidèles musulmans que constitue la fête de l’Aid El Fitr au milieu de ses enfants, épouses et frères, dans des conditions qui rappellent les descentes policières chez les barons de la drogue en Amérique latine.

Alors nous, collectif des femmes de Kankan pour la libération de l’imam Nanfo, estimons que nous vivons dans une république laïque avec un État de droit qui garantit à chaque citoyen la liberté de culte.

En effet, depuis juillet 2019, nous avons constaté avec indignation que le Secrétariat Général chargé des affaires religieuses s’est substitué à L’État, ordonnant le préfet de Kankan d’interpeller l’imam Nanfo Ismaila Diaby pour avoir prié en malinké. Chose que nous avons lamentablement regretté quand on sait que bien de confréries islamiques existent en Guinée, sans que celles-ci ne soient inquiétées par l’administration publique.

Cette interpellation a abouti à l’interdiction de Nanfo à exercer toute activité religieuse dans les lieux publics et de toutes émissions radios dans toute la Préfecture de Kankan. Pendant ce temps, certains individus fanatisés, s’en sont pris sauvagement au domicile de l’imam Nanfo, vandalisé sa maison, cassé sa voiture et détruit beaucoup d’autres biens sous le regard coupable des responsables administratifs et judiciaires de Kankan. Après constatation par un huissier, une plainte a été déposée auprès des OPG. Malgré l’existence des vidéos de la destruction de la maison de Nanfo par des gens au visage découvert, aucune autorité judiciaire n’a donné suite à cette plainte.

À la suite de cette décision de la ligue islamique de Kankan et du Secrétariat Général aux Affaires Religieuses, l’imam Nanfo a saisi la Cour suprême de Guinée aux fins d’annulation de cette décision contraire à la laïcité consacrée par la constitution. .

Dans l’attente de cette décision, il a fallu à Nanfo la prière de l’Aid El Fitr chez lui dans son domicile privé pour que la police s’y introduit, gazant les enfants de moins de deux ans, les femmes, certaines en état de famille, suivi de son incarcération à la police et de son jugement au tribunal de première instance de Kankan. Le ministère public représenté par le procureur n’a pu apporter la moindre preuve d’une infraction que le sieur Nanfo aurait pu commettre.

Ce procès n’honore pas l’image de la justice guinéenne et nous espérons que le juge dira le Droit afin de rétablir la confiance entre notre justice et les justiciables. .

Nous dénonçons pour cela l’ingérence de l’Etat dans les affaires religieuses.

Nous estimons que l’Etat a le devoir de protéger ses citoyens les uns contre les autres et de garantir leur liberté. Il ne doit pour cela en aucun cas manquer de neutralité face à la pluralité des idéologies.

Nous considérons que la justice existe pour l’égalité formelle entre les hommes.

Au nom des fondements de vie en commun et du principe de la laïcité de notre pays, la République de Guinée, nous demandons vigoureusement la libération pure et simple de l’imam Nanfo Ismaila Diaby et son rétablissement dans ses droits.

Nous demandons à la ligue islamique de renoncer à cette méthode moyenâgeuse de gestion des crises internes et de procéder à des dispositions plus cohérentes de persuasions qui à notre avis produiront plus de résultats.

Le collectif des femmes de Kankan pour la libération de l’imam Nanfo.

Kankan, le 24 mai 2021

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