Egypte: les sept années de calvaire d’une guinéenne !

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EGYPTE- Dans la quête d’une vie meilleure, plusieurs jeunes guinéens notamment des filles, optent pour l’immigration. Les pays de destination sont entre autres, les pays arabes dont l’Egypte.

En Egypte où une importante délégation guinéenne était récemment présente à la faveur de la coupe d’Afrique des Nations, il nous a été rapporté par les autorités consulaires, qu’au moins 8000 guinéens y vivent et 4000 seulement seraient en situation régulière.

Parmi ceux en situation irrégulière encore appelé clandestins, figurent des jeunes filles dont l’âge varie entre 19 et 35 ans. La plupart d’entre elles, travaillent dans des ménages égyptiens dans le but d’obtenir quelques livres égyptiennes à la fin du mois pour disent-elles, venir en aide à leurs différentes familles restées en Guinée.

Si certaines, en dépit des maltraitances qu’elles subissent, choisissent de rester, tel n’est pas le cas pour d’autres comme Mademoiselle T.K qui, après sept ans de galère, a choisi de rejoindre les siens.

T. K, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, très peinée a accepté de nous relater sa mésaventure.

« Je suis arrivée en Egypte en 2012 par l’intermédiaire d’un ami qui m’a rassuré que dans ce pays, toutes les conditions sont réunies pour que je puisse travailler et avoir suffisamment d’argent. En lieu et place de l’argent que je cherchais, c’est la honte, l’humiliation, l’esclavage que j’ai subi dans ce pays. La famille qui m’a employée me maltraitait, quand ma patronne se fâche, elle verse de l’eau sur moi ; les enfants me crachent dessus ; c’est moi qui lave le chien et lui donne à manger ; je travaillais 26 jours sur 30. C’est seulement pour 4 jours que j’avais le droit de rentrer chez moi ; mais avant, je suis soumise à une fouille systématique, en me fouillant, la patronne met ses mains dans mon caleçon pour dire après que je sens mauvais. Mon salaire s’élevait à 4000 livres, soient 2 millions de francs guinéens ; mais si par hasard quelque chose se cassait ou disparaissait, on soustrait la valeur dans mon salaire. Fatiguée de ce mauvais traitement, j’ai un jour décidé d’arrêter ce travail. Ne sachant quoi faire, j’ai commencé à suivre les hommes. C’est avec eux que je gagnais un peu d’argent pour me nourrir ; malheureusement je me suis retrouvée enceinte d’un Nigérian qui m’a abandonné avec la grossesse. J’ai souffert toute seule, sans l’aide des guinéens, d’ailleurs ils ne sont pas solidaires. Si un guinéen se retrouve dans un problème, ce sont les autres qui l’aident, pas ses compatriotes. Moi, c’est une amie Libérienne qui m’a récupérée et s’est occupée de moi durant ma grossesse. C’est quand j’ai eu les contractions que j’ai encore compris que les arabes sont mauvais. A l’hôpital, ils ont confisqué mon passeport avant de m’aider à accoucher ; mon enfant était faible et avait besoin d’oxygène, mais ils ont refusé de lui mettre l’oxygène ; le bébé n’a pas survécu. Pour sortir de l’hôpital, je n’avais pas le montant demandé, ils ont alors refusé de me restituer mon passeport tandis que dans la ville, je ne peux rien faire si je n’ai pas de passeport. Je ne pouvais plus avoir du travail officiellement ; j’étais obligée de travailler en cachette pour survivre, et cela dans l’humiliation totale » explique-t-elle.

Parlant des autres cas dont sont victimes certaines de ses compatriotes, T.K indique que certaines se retrouvent parfois en prison.

« Je connais assez de filles guinéennes qui souffrent en Egypte. Certaines sont violées par leurs patrons ou leurs garçons ; elles ne peuvent pas se plaindre. Y’en a qui se retrouvent enceinte de leur patron mais ces derniers leur disent et les aident à avorter parce qu’ils ne veulent pas faire un enfant avec une noire. Celles qui font des enfants pour d’autres africains, ne bénéficient d’aucune pitié de la part de leurs patrons ; elles travaillent jusqu’au jour de l’accouchement, et après l’accouchement elles n’ont que deux semaines de repos. A la reprise, elles confient leurs bébés à d’autres personnes parce que les patrons ne veulent pas voir ces bébés dans leurs maisons. Une nourrice peut faire 26 jours sans voir son enfant confié le plus souvent à un homme parce qu’en Egypte un homme noir ne peut pas avoir du travail si tu n’es pas étudiant… » ajoute-t-elle.

De tous les rêves du monde, T.K n’avait à ce jour qu’un seul : retourner en Guinée! Et c’est ce qui vient de se réaliser pour elle.

Ce sont des centaines de jeunes filles guinéennes qui subissent toute sorte d’abus dans ce pays, sans qu’aucune voix ne s’élève.

Djénabou Batco Diallo pour Friaguinee.net

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