Guinée: quel avenir pour le débat politique ?

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En Guinée, le débat politique s’est révélé au fil des années, plus centré sur des considérations plus subjectives qu’objectives. Il se définit de plus en plus sous le prisme ethnique et de l’intérêt réciproque. 

De nombreux guinéens voient la politique plus sur l’angle de la satisfaction personnelle que de l’intérêt général. Cette tendance s’est encore exacerbée au cours de cette décennie marquée par l’accession du professeur Alpha Condé au pouvoir et l’érection vertigineuse du parti l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG) au rang de la plus grande et influente formation politique de l’opposition. 

En guise d’illustration, les résultats du premier tour de l’élection présidentielle de 2010 sont à quelques pourcentages près équivalents à la répartition ethnique du pays, ce qui dénote que la majorité des votants ont plus voté sous la connotation ethnique que sur le programme politique du candidat. 

Les guinéens sont donc en retard par rapport aux avancées politiques dans l’échiquier mondial d’où une prise de conscience collective doit être menée surtout envers les jeunes qui sont les innocentes victimes de la puérilité du débat politique dans ce pays. 

L’un des volets causaux des nombreux problèmes que soulèvent la politique en Guinée est la faiblesse des institutions. L’ancien Président des Etats-Unis d’Amérique Barack Obama a déclaré à l’intention des dirigeants africains que « L’Afrique a besoin d’institutions fortes (…..) », ce qui est l’un des points faibles de l’Etat guinéen. La présidence de la République est pratiquement la seule autorité ayant le pouvoir sur tout et aucune autre institution n’a de pouvoir sur elle. Et donc, c’est plus le parti qui gère le pays que l’Etat, ce qui ouvre la voie à toutes sortes de dérives sur les plans de la corruption, de la justice et de la restriction des libertés individuelles. Pourtant l’Etat à l’obligation de promouvoir le bien-être et droits des citoyens (artc.23 de la constitution). 

Au regard de ces quelques éléments non exhaustifs, l’avenir du débat politique en Guinée est arrimé à la prise de conscience de ces différents faits et de la volonté des guinéens d’en venir à bout pour mettre en place des bases solides d’un développement. Une éducation civique généralisée doit être faite dans le but d’ancrer dans les cerveaux des générations futures le patriotisme et le respect des libertés individuelles.

 Pour y arriver, des changements doivent s’opérer à plusieurs niveaux:

Assemblée Nationale 

La configuration actuelle du parlement guinéen, pourrait ne laisser aucune place à la contradiction d’idées, pourtant principe fondateur d’un quelconque débat qui engagerait la vie socio-politique et économique de la nation. Le débat à l’Assemblée Nationale ou sur d’autres fronts politiques, nécessite la partition de toutes les composantes socio-politiques du pays. Or, dans le cas guinéen avec le récent boycott des dernières consultations législatives et référendaire, les partis d’opposition qui dénonçaient une farce électorale et un tripatouillage constitutionnel, se retrouvent aujourd’hui hors du débat politique en tant que tel. Ainsi pour redorer l’image du pays à la face du monde, les députés qui y siègent devraient observer la neutralité et voter des lois allant dans l’intérêt supérieur de la Nation, loin de chercher à faire plaisir à l’exécutif.

Les partis politiques

Pour changer la donne, les assemblées générales des partis politiques doivent servir de lieu de partage d’expériences, de sensibilisation et de culture de paix. Le débat politique doit y être mené avec conviction, considération et acceptation des opinions des autres. Les partis devraient donc s’engager dans l’éducation civique de leurs militants sur les principes démocratiques comme l’exige la loi. Cela favorisera la non-violence et la tenue de débat politique axé sur les projets de société allant dans le sens du développement du pays. 

La Société Civile

La société civile guinéenne doit être le médiateur entre les partis politiques de la mouvance et de l’opposition dans le débat politique, ce pour aplanir les divergences et s’accorder sur une norme à la satisfaction de la population pour un développement durable du pays.

Pour espérer voir le débat politique prendre de la hauteur en Guinée, il faut que la jeunesse qui constitue la relève, accepte le concept de la positivité dans le débat politique. Comprendre qu’aujourd’hui, une seule tendance se dégage dans le monde politique guinéen qui est : les anges d’hier sont les démons d’aujourd’hui et les démons d’hier sont les anges d’aujourd’hui.

Au regard de tout ce qui précède, la Guinée doit mettre un accent fort sur l’éducation de la population à l’instar  de certains pays africains car l’un des problèmes majeurs qui influent négativement sur le débat politique est la faiblesse du niveau intellectuel du guinéen en général.   

Une analyse de friaguinee.net, sur initiative de Search for Common Ground en collaboration avec le NDI, sur financement de l’USAID

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