Desserte en courant électrique: un retour amer à la case départ (Édito-Djoma Mognouma)

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Conakry broie le noir. C’est un fait ! Il y a un moment, quelques années avant le coup d’État, on ne pouvait pas imaginer que cela arriverait dans un avenir proche.

On croyait cette réalité derrière nous, donc un lointain et triste souvenir. Hélas !

Pour autant, il serait tout aussi injuste de faire porter à l’exécutif actuel l’entière responsabilité de cette catastrophe résultant de plusieurs décennies de laisser-aller dans le secteur que de l’en exonérer.

L’argument rebattu par les soutiens du pouvoir militaire selon lequel le manque d’eau dans les barrages et le peu d’investissement dans le transport et la distribution, sont les seules causes de la dérive actuelle, tient à très peu. Bien qu’on peut leur concéder qu’il paraît incompréhensible d’apprendre que le secteur a englouti des milliards de dollars d’investissements, ce, en moins d’une décade, et d’avoir encore un état calamiteux des infrastructures de transport et de distribution, qui font perdre à EDG, selon des experts, plus de 40% de la production.

L’autre incompréhension qui suscite des interrogations est de constater, qu’en moins de quatre ans de leur construction, à coup de milliards de dollars également, les barrages Souapiti et Kaléta, qui ont une capacité électrique cumulée de près de près de 800 mégawatts, ne puissent fournir en ce moment que 240 Mégawatts, près du quart de leurs capacités combinées.

En dépit de tout cela, faut-il le reconnaître, Conakry avait le courant. La capitale Guinéenne avait totalement divorcé d’avec l’obscurité. Tout le mal qu’on peut reprocher aux dirigeants actuels du pays, c’est de n’avoir pas fait sienne cette solution conjoncturelle, puis se projeter, par la suite, sur une stratégie qui devrait plus tard déboucher sur une solution durable.

Les cadres choisis ont fait dans la routine. Et n’ont même pas été capables d’anticiper. C’est un pilotage à vue, avec une succession de promesses stériles. Et vient s’y greffer l’état exsangue des finances publiques.

Pour cela, il n’y aura pas de bateau, la centrale flottante qui devrait venir en appui aux barrages qui se sont vidés de leur eau.

Pire, les fournisseurs d’électricité (Tè-Power, Kaléta et Souapiti) et les fournisseurs de carburant qui font tourner les générateurs d’EDG, impatientent qu’on leur paye leurs dettes. C’est au bas mot, plus de 500 millions de dollars. Du tournis pour des dirigeants qui ont laissé la situation se désagréger.

Pour l’heure, ce qui se dessine, et qui inspire mieux, ça en a tout l’air, c’est de compter sur la bénédiction du ciel pour remplir à nouveau les bassins fluviaux.

C’est alors tant pis si ça convient à la population ou pas, qui est obligée de comprendre et de s’y accommoder.

Le mal est profond. Et le nouveau ministre de ce très problématique département de l’énergie, ne sera pas victime de l’érosion qui a frappé ses prédécesseurs. Il a conscience des défis qui l’attendent. Sûrement !

Mais, c’est évident qu’il ne l’avait pas évalué à sa juste mesure. Ce qui lui reste, c’est de prendre des décisions. Faire dans l’action avec l’audace d’affronter les voraces qui ont miné le secteur de l’énergie.

Mognouma Cissé

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