Fria/Fermeture des lieux de culte: le calvaire des mendiants

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Assis à la devanture des mosquées, les mains tendues aux passants, ces hommes et femmes qui vivent de dons, tirent le diable par la queue depuis que le gouvernement a ordonné la fermeture des lieux de culte pour maîtriser la chaine de propagation de la maladie à coronavirus.

Les mendiants comme on les appelle, n’ont autre source de revenus que les aumônes offerts par des personnes de bonne volonté. Avant l’apparition de la maladie, le mois de Ramadan était un mois de générosité à leur égard, ils recevaient de nombreux sacrifices de la part des personnes malades qui ne sont en mesure de se priver d’eau et de nourriture pendant de longues heures et qui sont tenus obligés de compenser le jeûne par des dons de denrées.

A Fria, ils sont pour la plupart des personnes porteuses de handicap qui se plaignent de la fermeture de la mosquée centrale qui met d’ailleurs leurs vies en danger puisqu’obligés de déambuler entre motos et autos.

<< Je suis né avec ce handicap je ne peux pas marcher parce que mes deux pieds sont paralysés. Je souffre vraiment, il est devenu très difficile pour moi de gagner à manger, et depuis qu’on a fermé la mosquée c’est devenu plus grave. Je me déplace à l’aide de mes mains entre les motos et les voitures, dès fois même on me marche dessus. Moi je demande aux bonnes volontés de nous aider et aux autorités de nous secourir sinon c’est pas la maladie qui va nous tuer mais c’est la faim >> a déclaré Mamadou Bah.

Bien que handicapés, ces mendiants sont conscients de l’utilité des mesures préventives édictées par l’Etat pour freiner la propagation du virus, mais pointent cependant le manque de mesure d’accompagnement.

<< C’est une bonne mesure, nous comprenons l’inquiétude de l’Etat, c’est pour nous protéger de la maladie. Moi je suis lépreuse, je suis comme ça aujourd’hui parce que je n’ai pas pu me soigner à temps. Par contre, il (l’Etat) doit entendre nos cris de cœur, ils ont fermé la mosquée d’accord mais qu’ils acceptent de nous trouver à manger.Je suis mère de cinq enfants ce que je gagne ici c’est ce que mes enfants mangent. Je demande aux autorités, à Madame le Préfet, de nous aider car si elle ne nous vient pas au secours, mes enfants et moi allons mourir de faim >>a lancé M’mahawa Soumah .

Aveugle, Fodé Keita pour se déplacer, fait souvent appel à son petits fils. Depuis la fermeture de la grande mosquée, ce sexagénaire à jeun, passe de boutique à magasin à la recherche de quelques billets de banque.

<< Je suis aveugle, me déplacer c’est un problème. Avant, mon petit fils me déposait devant la mosquée et le soir il venait me chercher mais depuis que le gouvernement a fermé la mosquée, je suis obligé de marcher devant les boutiques et quand je rentre le soir, je me retrouve avec 3000 ou 5000 FG, quelques fois je ne gagne rien. Moi je demande à notre Imam, aux bonnes volontés , aux autorités de nous aider sinon on risque de mourir de faim >> s’est-il plaint.

Victimes de paralysie ou d’accident, cette couche vulnérable est oubliée par les autorités et souvent victimes de stigmatisation de la part de la population. Aujourd’hui, avec cette pandémie, le risque de mourir de faim les préoccupe plus que la maladie car pour survivre, ils ne peuvent appliquer la distanciation sociale.

Alimou Gaoual Bah pour friaguinee.net

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