Guinée : l’avortement de plus en plus pratiqué !

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L’interruption du processus de gestation est une pratique très récurrente en Guinée.

Plusieurs filles ou femmes décident de se débarrasser de leurs grossesses contractées de diverses manières. Si pour les unes il s’agit de fuir ses responsabilités vis à vis de la maternité et par crainte de déshonorer les parents parce qu’elles ne sont pas mariées, pour d’autres c’est pour éviter de garder les séquelles d’un acte immoral commis sur elles et ce, peu importe les complications que cela implique.

Cependant, chez les citoyens, les avis divergent sur la pratique. Certains comme Mohamed Yattara, soutiennent l’avortement

« On doit légaliser l’avortement en Guinée parce que si nous contractons une grossesse et qu’on a pas envie de la garder, personne ne doit nous en empêcher. Chacun est libre de choisir sa vie. Nous sommes au 21ème  siècle, les gens sont beaucoup plus ouverts d’esprit. Je ne vois pas de mal en ça surtout si cette grossesse est le fruit d’un viol. C’est traumatisant de se rappeler à perpétuité de l’acte quand on voit cet enfant » confie-t-il.

Par contre, d’autres le rejettent tout en pointant un doigt accusateur sur les parents qui selon eux ont démissionné dans l’éducation des enfants.

« Les enfants d’aujourd’hui se disent éveillés et émancipés. Ils n’ont aucune peur de la sexualité car pour eux c’est ça être au top. Les parents aussi ont totalement démissionné dans leurs éducations. Ils les laissent regarder n’importe quoi à la télé et de surcroit la seule chose qui les importent c’est de rapporter de quoi se nourrir à la maison. Si un enfant n’est pas surveillé comme il se doit il se croira permis de faire tout ce qu’il veut y compris d’entretenir des relations sexuelles non protégées d’où la grossesse et la volonté d’avorter. De nos jours rien n’est tabou. On doit approcher les jeunes filles pour les éduquer sexuellement sinon elles le feront d’elles mêmes » déclare Diaraye Barry.

« L’avortement est une opération qui consiste à mettre un terme à une grossesse normalement évolutive avant la date présumé de l’accouchement » explique Dr Yakhouba Diallo avant d’ajouter qu’il existe des situations dans lesquelles, l’avortement est autorisé.

«  Dans le cadre réglementaire, il y a des situations dans lesquelles l’interruption volontaire de la grossesse est autorisée. Lorsque la femme est victime d’un viol par exemple et qu’elle ne veut pas porter l’enfant de son violeur, elle peut demander que la grossesse soit interrompue ou lorsque plusieurs spécialistes attestent que la grossesse que porte la femme présente un danger imminent pour la mère, on peut aussi interrompre la grossesse. Mais cette interruption dépend de l’âge de la grossesse. Il faut qu’elle soit jeune et réalisée par un opérateur expérimenté » précise le médecin généraliste.

En ce qui concerne les complications, Dr Yakhouba explique que « la première complication c’est la mortalité. Lorsqu’elle est réalisée par un opérateur non compétent ou que l’âge de la grossesse est très avancée, c’est très dangereux. On a constaté qu’il y’a un taux très élevé de mortalité, 1 à 2 femmes meurent sur 100.000 avortements clandestins par an. Les complications dépendent aussi de la méthode employée. Lorsqu’on prend la méthode médicamenteuse, elle consiste à faire vider l’utérus de son contenu en provoquant une hémorragie. Si cette hémorragie n’est pas maîtrisée, la femme peut saigner abondamment entraînant ainsi une anémie, un choc boulimique qui peut conduire à la mort. Lorsque la femme a des troubles de coagulabilité, c’est pourquoi il faut que ça soit dans un cadre légal pour que des examens soient réalisés à l’avance pour déterminer ça. Il y’a des examens qu’il faut réaliser et donner le sérum anti-D pour éviter que les prochaines grossesses soient compromises » dit-il.

Autres complications, ajoute-t-il, « ce sont les infections, les déchirures du corps de l’utérus, la perforation de l’utérus même . Il y a aussi le côté psychologique de la femme qui est affecté parce qu’elle a un sentiment permanent de culpabilité ».

Pour éviter de s’exposer aux dangers liés à l’avortement, le médecin invite les filles et femmes à opter pour la contraception afin d’éviter les grossesses non désirées.

Fatoumata Diaraye Bah pour friaguinee.net

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