Labé: tenue d’une conférence sur l’immigration

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Une conférence débat a eu lieu ce vendredi 23 février 2018 à l’Université de Labé sous le thème « Immigration clandestine : comprendre les risques du parcours et les difficultés de l’insertion ». La rencontre a mobilisé autorités préfectorales, régionales, universitaires, professeurs, étudiants, partenaires et responsables de l’organisation internationale de la migration.

Réunis dans la salle de l’amphithéâtre de l’université, les conférenciers Deniz Karakuz et Mohamed Dougouno ont explicité de bout en bout les questions qui tournent autour de l’immigration irrégulière ou clandestine.

Dans son intervention, Mohamed Dougouno de l’OIM a révélé qu’en 2017, quelque 258 millions de migrants ont été enregistrés à travers le monde, soit 3,4% de la population mondiale dont 48% de femmes et 52% d’hommes.

Entre 2000 à 2017, le nombre de migrants internationaux a connu une augmentation de 49%. Sur ce chiffre, les migrants africains représentaient 68%. Pour les migrants d’origine guinéenne, les pays de transit sont autres : le Sénégal, le Niger, la Libye, le Maroc…

En 2015, près d’un million de migrants sont arrivés en Europe (y compris des réfugiés syriens) et plus de 3 771 décès ont été enregistrés lors de la traversée de la Méditerranée dans la même année. Mohamed Dougouno a également déclaré que le coût moyen de l’immigration irrégulière est de 3 000 euros, soit 30 millions de francs guinéens par personne. Selon les statistiques fournies par l’ONU, l’Afrique de l’Ouest est le principal bassin d’immigration du continent avec 7,2 millions d’immigrés.

Parlant des causes de l’immigration illégale, les conférenciers ont signalé  l’« internationalisation » des migrations africaines. Jusqu’à peu, ont-ils révélé,  la dynamique était tournée vers les pays de la région ou d’Afrique : Côte d’Ivoire, Sénégal, Ghana, Nigéria, RDC (ex Zaïre). Mais selon les spécialistes, deux facteurs expliquent ce changement de paradigme : d’une part des facteurs internes à l’Afrique et notamment aux traditionnels pays d’accueil : chômage, pression démographique, crises politiques (les guerres en Côte d’Ivoire, en RDC, etc.), baisse des cours mondiaux de matières premières dont dépendaient ces pays d’accueil.

D’autre part, des facteurs propres aux régions d’accueil, en particulier l’Europe : la chute du mur de Berlin a été suivie de l’ouverture de l’Union européenne aux pays appartenant à l’ex bloc soviétique. Ce qui s’est traduit par une porosité des frontières dont les réseaux des passeurs ont grandement profité. Il y a aussi les politiques de régularisation des migrants en situation irrégulière dans certains pays européens. C’est le cas de l’Espagne au milieu des années 2000. Cette situation a constitué un appel d’air vers ces pays. L’ensemble de ces facteurs explique en partie le détournement des migrants africains des bassins traditionnels d’accueil au profit d’autres destinations comme l’Europe.

En ce qui concerne les conséquences de l’immigration clandestine, les conférenciers ont souligné le trafic des migrants, la mort, la maladie, la bastonnade, l’emprisonnement, le travail forcé, le viol, le dépouillement des biens de valeurs, etc.

Il faut noter que des centaines de jeunes guinéens migrants, bloqués en Libye et en Algérie, ont été ramenés au pays grâce à l’implication de l’OIM, ces derniers mois. Mais malgré l’implication des institutions internationales en lutte contre le phénomène et les organismes gouvernementaux, certains jeunes tentent toujours de joindre l’Europe qu’ils considèrent comme un eldorado.

Mamadou Saïdou Diallo — Foutanews

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