Hommage à Sékou Touré, père de l’indépendance guinéenne (Par Khalil KABA)

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Même 37 ans après sa mort, Sékou TOURÉ continue d’alimenter les débats sur l’échiquier politique guinéen et africain. Incontestablement, le père de l’indépendance guinéenne a marqué son temps par sa longue lutte pacifique pour la fin de la domination coloniale en Afrique et la réhabilitation de l’homme noir où qu’il soit dans le monde.

L’histoire retient du grand homme d’État qu’il fut, l’image d’un panafricain qui a fait de son pays, le refuge de tous les combattants de la liberté et de l’émancipation de la cause noire. Kwame NKRUMAH Amilcar CABRAL, Stocley KARAMICHEL, Oliver MBEKI, Miriam MAKEBA et tant dautres leaders ont bénéficié de l’honneur et d’une attention particulière de la part du dirigeant guinéen.

Autodidacte, Sékou Touré s’est construit seul en repoussant toutes les limites pouvant freiner son ascension fulgurante. Il a compris très tôt les notions de liberté et d’authenticité et l’ont jamais quitté tout au long de sa carrière politique. Il se définit lui même comme étant le fruit de son peuple:

« Cet homme est un fils de la Guinée. Cet homme a été brimé tout jeune, un arrêté interdisant au secteur public et privé de lui donner un emploi. Cet homme n’avait rien et au moment où pour la première fois son parti, le Parti démocratique de Guinée, l’avait choisi pour être candidat député pour le parlement français, il lui était réclamé cinq mille francs. Cet homme pendant un mois était incapable par lui-même de trouver ces cinq mille francs mais cet homme était déjà dans la conscience des travailleurs de Guinée. Cet homme n’a pu obtenir les cinq mille francs que lorsque les dockers de Conakry ayant appris l’incapacité du candidat à se faire inscrire faute d’argent avaient organisé une souscription pour amener les cinq mille francs. Je suis le fruit de mes frères et de mes sœurs ».

Syndialiste, député-Maire et Président du conseil du gouvernement, Sékou Touré a franchi toutes les étapes pour devenir le premier Président de la République de Guinée le 2 octobre 1958. Mais pour en arriver là, il a fallu tenir tête au Général De Gaulle par le biais d’un franc et direct qui raisonne encore dans les esprits : « Nous préférons la liberté dans la pauvreté qu’à l’opulence dans l’esclavage ». C’est le point de départ d’un divorce qui va durer plus de dix sept ans. Frappé dans son orgueil DEGAULLE usera de tous les moyens(complots, sabotage et sanction économique etc…) pour agenouiller le jeune État qui a fait le choix courageux d’accéder à l’indépendance directe. Mais c’était sans compter sur la détermination de Sékou TOURÉ qui a réussi à déjouer toutes les tentatives de déstabilisation de la France contre la Guinée. Le leader guinéen développe une forte alliance avec les pays de l’est et du du bloc communiste en général tout en maintenant avec les États-Unis des relations solides.

Pour consolider le jeune État Sékou TOURÉ crée 92 circonscriptions gérées par les élus du peuple, le Syli, transforme le PDG en parti État et lance les grands chantiers de transformation économique, sociale et culturelle de la Guinée. Mais un tournant décisif change le cours de l’histoire : l’agression portugaise du 22 novembre 1970. A partir de cette date, plus rien ne sera comme avant. Le régime se durcit, procéde à la restriction de certaine liberté, aux arrestations et surtout à l’exécution de ceux et celles qui se sont rendus coupable à ses yeux de trahison envers la Révolution. Cette nouvelle donne pousse des milliers de guinéens à l’exil.

Ce qui provoque une vague de critique et d’opposition menée par le RGE (Rassemblement des Guinéens de l’Extérieur) et certaines organisations internationales spécialisée dans la promotion des droits de l’homme.

Durant 26 ans, Sékou Touré réussi à poser les bases d’une nation forte et respectée à travers le monde. Sa disparition le 26 mars 1984 à Cleveland (USA) provoque une véritable onde de choc dans la géopolitique mondiale. Ses funérailles célébrées à Conakry le 30 Mars 1984 ont prouvé à suffisance l’immensité de son œuvre en Guinée, en Afrique et dans le monde. Une quarantaine de chefs d’Etats dont le vice-président des Etats-Unis d’Amérique et plus de 700 hautes personnalités du monde entier étaient venus présenter au Peuple de Guinée leurs condoléances et manifester leur admiration au père fondateur de la Nation guinéenne.

Par Khalil Kaba
Sociologue-Historien
Conakry
République de Guinée

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