Etats-Unis : le 25e amendement n’est pas un moyen de punition ou d’usurpation affirme Mike Pence

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Vice President Micheal Pence poses for his official portrait at The White House, in Washington, D.C., on Tuesday, October 24, 2017. (Official White House Photo by D. Myles Cullen)

Le vice-président américain a estimé, mardi soir, qu’il n’était “pas dans le meilleur intérêt” de la nation d’invoquer le 25e amendement de la Constitution afin d’écarter Donald Trump de la Maison Blanche avant la fin de son mandat. Mercredi, les élus de la Chambre des représentants devraient donc voter un nouvel ‘”impeachment”, c’est-à-dire la mise en accusation du président.

Le vice-président américain Mike Pence a refusé mardi 12 janvier d’invoquer le 25e amendement de la Constitution pour démettreDonald Trump, ce qui ouvre la voie au lancement, dès cette semaine, d’une historique deuxième procédure de destitution contre le président sortant.

“J’estime qu’un tel acte n’est pas dans le meilleur intérêt de notre nation ni ne correspond à la Constitution”, a écrit Mike Pence à la présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, juste avant un vote à la chambre basse sur une résolution exigeant de lui qu’il emploie ce levier inédit dans l’histoire américaine.

Sa réponse négative garantit que les démocrates soumettront dès mercredi à l’examen de la Chambre l’acte accusant Donald Trump d’avoir “incité à l’insurrection” lors des violences contre le Capitole le 6 janvier, dans une historique deuxième procédure d’”impeachment”.“Terrible jurisprudence”

Dans sa lettre, Mike Pence rappelle qu’il ne reste que quelques jours avant le départ de Donald Trump de la Maison Blanche, prévu le 20 janvier. Le 25e amendement de la Constitution autorise le vice-président et une majorité du cabinet à déclarer le président “inapte” à exercer ses fonctions.

“D’après notre Constitution, le 25e amendement n’est pas un moyen de punition ou d’usurpation”, affirme Mike Pence. “L’appliquer ainsi créerait une terrible jurisprudence”. “Chaque américain a été choqué et attristé par l’attaque contre le Capitole la semaine dernière”, souligne-t-il.

Réunis le 6 janvier à Washington par Donald Trump pour manifester contre la certification par le Congrès de la victoire de Joe Biden à la présidentielle, les partisans pro-Trump avaient ensuite fait irruption au Capitole pendant la séance parlementaire. Des événements sans précédent à Washington et à la suite desquels cinq personnes sont mortes.

“Pendez Mike Pence”

Mike Pence, qui présidait la séance, rappelle dans sa missive qu’il avait refusé de bloquer la certification des résultats malgré la pression directe, et publique, de Donald Trump. Dans la foule, certains avaient d’ailleurs hurlé “Pendez Mike Pence”.

“La semaine dernière, je n’ai pas cédé à la pression pour exercer mon pouvoir au-delà de mon autorité constitutionnelle afin de déterminer le résultat de l’élection, et je ne céderai pas maintenant à la tentative de la Chambre des représentants de jouer à des jeux politiques à un moment si grave”, écrit-il à Nancy Pelosi.

“Je vous exhorte, ainsi que tous les membres du Congrès, à éviter toute action qui diviserait plus profondément”, poursuit-il. “Œuvrez avec nous pour calmer les esprits et rassembler notre pays tandis que nous nous préparons à investir” Joe Biden comme le “prochain président des États-Unis”, le 20 janvier.

“Impeachment” mercredi

Nancy Pelosi, elle, a déjà le regard tourné vers l’”impeachment”, à savoir la mise en accusation du président. Elle a révélé mardi l’équipe de “procureurs” qui sera chargée de porter le dossier. Soutenu par un vaste nombre de démocrates, et avec même l’appui d’une poignée de républicains, l’acte d’accusation visant Donald Trump devrait être facilement adopté dès mercredi à la chambre basse.

Mardi soir, Liz Cheney, l’une des chefs de la minorité républicaine à la Chambre et fille de l’ancien vice-président américain, a annoncé qu’elle voterait pour. “Rien de tout cela ne serait arrivé sans le président”, a-t-elle estimé dans un communiqué au vitriol.

Le 45e président américain devrait ainsi devenir mercredi le premier de l’Histoire à être deux fois mis en accusation au Congrès (“impeached”) dans une procédure de destitution.

Trump de plus en plus isolé

Lors de son départ de Washington, mardi matin, Donald Trump avait dénoncé cette procédure, la jugeant “totalement ridicule” et affirmant qu’elle suscitait “une immense colère” à travers les États-Unis. Et il a obstinément refusé de reconnaître la moindre responsabilité dans l’assaut contre le Capitole, jugeant que son discours avait été “tout à fait convenable”.

Lors d’un bref arrêt au Texas, mardi, Donald Trump a longuement fait l’éloge du mur construit à la frontière avec le Mexique. “J’ai tenu mes promesses”, a-t-il martelé, évoquant un mur de 450 miles (725 kilomètres). On est toutefois loin, très loin, du “grand, magnifique” mur promis durant la campagne de 2016. Et le Mexique n’a jamais payé pour le mur, comme le magnat de l’immobilier l’avait promis.

Menacé d’un nouvel “impeachment”, Donald Trump vante son mur frontalier au Texas

Malgré son assurance affichée et le soutien de certains élus très loyaux, Donald Trump est plus isolé que jamais après une série de démissions dans son gouvernement et de très vives critiques dans son propre camp.

Selon le New York Times, Mitch McConnell, président de la majorité républicaine au Sénat, a dit à ses proches qu’il voyait d’un bon œil la mise en accusation initiée par les démocrates, jugeant que cela aiderait le Parti républicain à tourner définitivement la page Trump.

Cet habile stratège tient peut-être la clé de l’issue de cette procédure historique. Car le seul vrai doute qui demeure porte sur le déroulement du procès, qui devra ensuite avoir lieu au Sénat, aujourd’hui à majorité républicaine. Les démocrates prendront le contrôle de la chambre haute le 20 janvier mais auront besoin du ralliement de nombreux républicains pour atteindre la majorité des deux tiers nécessaire à la condamnation.

Un procès risquerait en outre d’entraver l’action législative des démocrates au début de la présidence Biden, en monopolisant les séances au Sénat.

Avec AFP

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