Guinée/Présidentielle 2020: l’ONU met en garde contre les discours de haine

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Deux hautes responsables des Nations Unies ont mis en garde contre les « discours de haine à relent ethnique » en Guinée pendant la campagne pour l’élection présidentielle prévue le 18 octobre prochain.

« Les responsables politiques, en particulier les candidats à la prochaine élection présidentielle en Guinée, devraient s’abstenir d’invoquer des affiliations ethniques et d’utiliser un langage provocateur, lesquels pourraient conduire à de la violence, à de la discrimination et à d’autres violations des droits de l’homme », ont déclaré ce mercredi Michelle Bachelet, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, et Pramila Patten, Conseillère spéciale par intérim pour la prévention du génocide et Représentante spéciale chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit.

À l’approche du scrutin, les appels aux affiliations ethniques, en particulier aux ethnies Malinké et Peul, ont été de plus en plus répandus et ont créé des divisions pendant la campagne. Selon ces deux hautes responsables onusiennes, les candidats ont également suggéré que des actes de violence pourraient suivre l’annonce des résultats.

« Compte tenu de l’histoire de la violence intercommunautaire en Guinée, je suis profondément préoccupée par une rhétorique aussi dangereuse de la part des responsables politiques, qui pourrait, dans certains cas, constituer une incitation à l’hostilité, à la discrimination ou à la violence », a déclaré Mme Bachelet.

S’abstenir d’instrumentaliser l’ethnicité

A ce sujet, elle fait état « de signes sérieux d’une augmentation de l’intolérance et des affrontements, notamment parmi des groupes de jeunes, et des médias qui amplifient les messages de haine ».

Selon les médias, le Président Alpha Condé, candidat à un troisième mandat, et son principal opposant, Cellou Dalein Diallo, s’accusent mutuellement d’attiser les tensions intercommunautaires.

Michelle Bachelet a donc appelé tous les candidats à s’abstenir d’attiser les divisions ethniques. Elle les invite à garantir aux Guinéens d’exercer leurs droits à la liberté d’expression, à la réunion pacifique et à la participation au processus électoral sans violence ni intimidation, et sans discrimination.

De son côté, Pramila Patten demande aux partis de s’abstenir d’instrumentaliser l’ethnicité ou de toutes manipulations qui sèment les graines de la division à des fins politiques. « De telles manœuvres sont extrêmement dangereuses et doivent être stoppées. Tout individu responsable d’incitation à la violence ou à commettre des atrocités sera tôt ou tard tenu responsable de ses actes devant un tribunal national ou international », a-t-elle déclaré.

Des violences sexuelles pour intimider et punir les opposants politiques

A cet égard, elle rappelé au gouvernement sa responsabilité première de protéger toutes ses populations contre les actes de violence, indépendamment de leur appartenance ethnique ou politique. Elle a appelé toutes les parties concernées à s’engager résolument au dialogue afin de garantir un processus électoral pacifique et transparent.

Par ailleurs, Pramila Patten et Michelle Bachelet ont appelé à la responsabilité concernant l’usage excessif de la force par les forces de sécurité lors des manifestations d’octobre 2019 et de mars 2020. Bien que le gouvernement ait annoncé des enquêtes sur les violences, notamment les meurtres, il n’y a pas eu davantage d’informations sur leurs résultats.

Plus largement, tous les acteurs politiques guinéens sont invités à envoyer « un message fort » portant sur « l’interdiction catégorique du recours aux violences sexuelles ». A ce sujet, Mme Patten a rappelé les événements du 28 septembre 2009 à Conakry, où au moins 109 femmes et filles (majoritairement des Peuls) ont été victimes de violences sexuelles en raison de leur appartenance politique.

Onze ans plus tard, elle a averti que la violence sexuelle reste, dans de nombreux contextes, un outil pour intimider et punir les opposants politiques, les membres de leur famille et les femmes qui défendent les droits de l’homme dans le contexte des crises politiques.

Source : ONU

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