Les cerbères qui ont chuté Alpha Condé (Opinion)

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Le pouvoir est comme une source claire et limpide, quand on la regarde, on s’y voit mais au fond, il y a toujours du sable mélangé à la boue disait l’écrivain malien SEYDOU BADIAN KOUYATE (SOUS L’ORAGE). Ainsi. Il fut intéressant d’observer le coup d’état en Guinée mais encore plus impressionnant d’apprendre l’extrême fragilité des régimes politiques en Afrique.
Pendant très longtemps, on a eu l’impression que l’avenir de la Guinée était scellé sans aucune alternative possible comme s’il y avait une conspiration universelle de victimiser et saboter toute performance économique.
En observant dans le collimateur du régime défunt, la pourriture semble germer du mandat expiré d’une assemblée illégitime face à un projet de révision de constitution forcené en faveur d’un troisième mandat contesté.
Au demeurant l’ex président Alpha CONDÉ serait enthousiasmé de bonnes intentions et aurait fait de son mieux mais fort malheureusement le résultat était déplaisant et insuffisant pour le plus grand nombre pour lequel le bonheur n’a jamais été au rendez-vous depuis plus d’une décennie. Pendant que le thermomètre socio économique enregistrait un ras le bol généralisé à une température hors normes, l’ex président était bercé et aveuglé par un entourage de cerbères aux échines souples. Sourires fendus jusqu’aux oreilles, ces cerbères de l’économie guinéenne encadraient l’ex président dans le flou le plus total tout en piétinaient la moindre performance économique au profit de la sauvegarde à grands soins de leurs carnets de compte bancaire tandis que la situation socio-économique était en proie à une ébullition sous l’emprise d’un endettement et d’un déficit vertigineux. Sans trop se soucier de l’état de santé d’une économie en déconfiture, ces cerbères ont toujours privilégié des politiques économiques vétustes conçues à leur avantage compétitif. A part quelques performances économiques notoires héritées de la première république plus de six décennies de crises socio-économiques n’ont pas suffit pour extirper la Guinée du gouffre des pays traînards. Cette inversion de la bonne gouvernance léguée par la première république fait que désormais les retombées des recettes minières sont désormais extraverties aux bénéfices des multinationales et au détriment d’une population en désarroi. La tête dans les nuages et la poudre aux yeux, l’ex président ne pouvait imaginer l’extrême gravité du ras le bol généralisé tant ces pyromanes avaient pris en otage l’économie guinéenne sous l’emprise d’un silence lugubre et assourdissant en face à cette situation singulière. Cependant, la consternation sociale avait atteint son acmé et les rumeurs de coup de force étaient sur toutes les lèvres ainsi que la mise aux arrêts du colonel Mamady Doumbouya. La situation était devenue tout simplement intenable. Le parti « jaune » était une école politique aux aspirations strictement électoralistes avec des mensonges toujours justifiés et il avait réussi à formater des dupes de bonne foie aux oreilles pendantes. Il était devenu tout simplement un navire ivre. Cette mal gouvernance était alourdie par le pouvoir discrétionnaire de l’état où tout était interdit mais également tout était en vente aux enchères. Ce qui a conduit à d’énormes inefficacités économiques accrues et au manque de compétitivité. Tous ceux-ci étaient chapeautés par une érosion fiscale et un tarissement de recettes publiques liés au détournement sans vergogne du dernier public. Incapables de penser le long terme, l’improvisation était le maître mot de leurs politiques d’ajustement structurel. Alors, tant que l’économie guinéenne demeurait en proie à cet engrenage infernal de crises chevauchées où la quasi totalité des aides au développement servait au refinancement les dettes ou alimenter les dépenses de fonctionnement, en causant ainsi un lourd passif aux générations futures dans l’espoir d’un recours aux PPTE, une révolution à l’ordre du jour était inéluctable. Ce sont ces lourdeurs administratives en meeting pot avec l’orgueil démesuré, l’étroitesse d’esprit et le sourd antagonisme à outrance de ces cerbères qui ont coûté au pouvoir de l’ex président Alpha CONDÉ. En rétrospective , nous avons vécu une époque où les allégations d’incompétence étaient en couple avec une condamnation générale d’une administration décadente.
En tirant les leçons du passé, nous avons désormais appris que  » la démesure en murissant produit l’épine de l’erreur et la moisson qu’on en lève n’est faite que larmes et regrets… » ( ESCHYLE ,DRAMATURGE GRECQUE )
IBRAHIM KHALIL KABA
Conseiller à KALOUM
Tel +224 620 01 06 09

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