Loyers chers en Guinée : quelques recommandations pour une meilleure réglementation du secteur (Par Khalil KABA)

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La crise du logement en Guinée est double. D’une part, le stock de logements est de mauvaise qualité. Par exemple, le raccordement à l’électricité et à l’eau potable n’est pas fiable ce qui entraine gaspillage et propagation des maladies. D’autre part, le stock de logement est insuffisant et des milliers de Guinéens se retrouvent à la rue.

Cette crise qualitative et quantitative s’aggrave car la demande augmente plus vite que l’offre. La croissance démographique couplée à un exode rurale massif nécessiterait un effort de construction inédit et de règlementation.
Malheureusement, l’offre de logement est par nature rigide. Cette rigidité est accentuée en Guinée en raison de l’instabilité économique. Chaque année, la demande insatisfaite se traduit par un phénomène de surpeuplement des logements existants et par l’augmentation vertigineuse du prix des loyers. Des pratiques spéculatives insupportables, qui n’ont que trop duré, exposant ainsi des familles entières à la précarité.

Comment sortir de cette impasse ? Voici ci-dessous quelques recommandations qui, si elles sont adoptées par nos représentants à l’assemblée, offrira inéluctablement aux guinéens l’accès à un logement décent.

°Le rétablissement de l’autorité de l’Etat dans le secteur de l’immobilier et de la location, en lui faisant jouer pleinement le rôle que les lois et règlements lui confèrent;

°Baisser les prix des loyers, de manière dégressive;

°Supprimer le bail verbal, et, par conséquent, tous les baux devront être écrits ;

°Obliger, pour les logements d’un certain standing, le recours aux services d’une agence immobilière régulièrement constituée. Il est nécessaire de requérir les services d’un architecte pour des constructions d’une certaine dimension;

°Eaborer des textes spécifiques, réglementant la fonction de courtier et celle de tous les autres intermédiaires du secteur informel ;

°Inviter les agences immobilières et les courtiers installés de manière illégale, à se mettre en règle, dans un délai de trois mois, faute de quoi ils seront interdits d’activité ;

°Instituer l’obligation d’afficher les nouveaux barèmes de prix dans les immeubles, de manière à ce qu’aucun locataire n’en ignore et les notifier à ces derniers;

°Créer un numéro vert permettant de dénoncer les éventuels rebelles à l’Administration fiscale et aux Forces de l’ordre ;

°Associer les associations de consommateurs et d’autres acteurs institutionnels tels que l’agence d’assistance à la sécurité de proximité, à la surveillance du respect de la réglementation ;

°Veiller à ce que la caution ne doive plus dépasser deux mois. Elle devra être versée contre reçu et mentionnée dans le bail, de sorte qu’elle puisse être remboursée à la fin de ce dernier après remise en état des lieux par le locataire;

°Geler les expulsions pour non paiement de loyer pendant le mois de Ramadan et le Carême Chrétien, de même que les coupures d’eau et d’électricité pour les mêmes raisons et la même durée;

°En fin concevoir et mettre en œuvre un mécanisme de suivi, de contrôle et de régulation des loyers et d’évaluation des mesures prises, à l’effet de s’assurer que les décisions arrêtées seront traduites en actes concrets.

Khalil KABA
Membre du collectif pour la réglementation des loyers chers en Guinée

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