Scandale financier : un homme d’affaires réclame plusieurs millions d’euros à la Guinée

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Le magnat burkinabè des BTP, propriétaire d’Ebomaf, Mahamadou Bonkoungou, qui est cité dans l’un des pires scandales financiers en Guinée, relatifs au projet routier Kankan-Kissidougou (194 km) pour un coût de 305 millions d’euros, un montage financier qui avait abouti au décaissement en 2014, de 185 millions d’euros en faveur de sa société, n’en démord toujours pas. Le samedi 2 octobre 2021, à Ouagadougou, il est sorti du bois un mois après la chute d’Alpha Condé accusant l’État guinéen de lui devoir 20 millions d’euros, et annonçant son intention de traduire la Guinée devant les juridictions compétentes pour non-respect des engagements contractuels. Un désagrément qui lui aurait fait perdre, d’après lui, environ 100 millions d’euros avec Ebomaf et son entreprise de transport aérien Liza.

Le scandale d’Ebomaf BTP sur lequel Financial Afrik était revenu en août dernier, avec en toile de fond une enquête sur l’attribution d’un permis d’exploitation d’une mine d’or à la société qui avait contribué à relancer le débat sur cette entreprise très controversée en Guinée et dont le nom est lié au fiasco du projet routier en haute Guinée, semble prendre désormais une tournure judiciaire dans laquelle l’homme d’affaires burkinabé se dit déterminé à réclamer ses investissements à l’État guinéen.

Devant un parterre de journalistes ouest-africains notamment Guinéens, invités expressément pour l’occasion par lui, il a dénoncé dans le « dossier Ebomaf BTP » un non-respect, selon lui, des engagements pris par l’Etat guinéen, notamment concernant la garantie pour permettre à sa société qui s’est engagée sur la base d’un partenariat public-privé, à mobiliser les fonds nécessaires pour le coût des travaux auprès des bailleurs de fonds. « À la place d’une garantie de 500 millions d’euros, c’est une garantie de 65 millions d’euros que l’Etat guinéen remet à l’entreprise Ebomaf », a fait savoir le Burkinabé, ce qui, d’après lui, aurait compromis le projet sans toutefois faire cas des virements effectués par les régies financières guinéennes au nom de son entreprise pour la bagatelle de 185 millions d’euros.

Mahamadou Bonkoungou a ensuite accusé l’ancienne présidence guinéenne incarnée par Alpha Condé, d’abus de confiance. Ce dernier qui lui a fait bénéficier d’un contrat routier de gré à gré en a pris pour son grade. Selon l’homme d’affaires burkinabé, la présidence d’Alpha Condé lui devait 20 millions d’euros en déplacements aériens, pour avoir utilisé des aéronefs de sa compagnie de transport aérienne du nom de Liza Transports. « Il s’agit des déplacements présidentiels. C’est vérifiable et je défie quiconque qui a une preuve de règlement de mes factures. Je poursuis l’État guinéen pour non non-respect des engagements auxquels il a souscrit. Je confirme et j’insiste qu’à la présidence guinéenne, nous avons des factures à hauteur d’une vingtaine millions d’euros appartenant à société Liza Transport International (LTI) pour de nombreux déplacements officiels du président Alpha Condé notamment…Nous avons tous les itinéraires et les dates sur les factures », assure l’homme d’affaires.

Il a par ailleurs confirmé les révélations de la presse ouest-africaine parues en août dernier, sur l’attribution d’un permis minier en Guinée. « Le groupe Ebomaf est détenteur de deux permis d’exploration à kankan, en République de Guinée dans la zone nord-ouest », a-t-il informé, laissant croire que son entreprise n’avait jamais mis les pieds sur les domaines, et déclarant d’ailleurs que son peu d’intérêt accordé à ces permis d’exploration. Invitant même les autorités guinéennes à les annuler s’elles le souhaitent, et que sa priorité, ce sont les plus de 100 millions d’euros que la Guinée lui aurait fait perdre. 

Ces prises de position contre l’ex-régime en place interviennent près d’un mois après la chute d’Alpha Condé. D’ailleurs, ce rebondissement pourrait éventuellement amener la junte au pouvoir, le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) qui s’est investi de la mission d’auditer la gestion financière sous l’ex-président, de se saisir de ce dossier en priorité pour démêler le vrai du faux. Cela permettrait de savoir qui de Bonkoungou accusé d’avoir empoché 185 millions d’euros sur des travaux fictifs, et lui qui accuse la Guinée de lui avoir fait perdre plus d’une centaine de millions d’euros, ou peut-être que le débat sera transporté autrement devant les juridictions de la CEDEAO.

FINANCIAL AFRIK

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