Cri de cœur d’un journaliste à la recherche de son jumeau disparu depuis plusieurs mois

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Je m’appelle Alhassane Mayenie Camara, je suis journaliste et pair éducateur. Né le 11-11-1990 à Fria. En ma qualité de pair éducateur, je milite inlassablement depuis 2006 en faveur du respect des droits des filles et femmes et les ados jeunes dans la préfecture de Fria. Ce, à travers le Centre d’Ecoute de Conseil et d’Orientation pour Jeunes (CECOJE) dont je suis le 1er responsable.
Depuis, à travers nos différentes activités de sensibilisation j’ai œuvré pour le changement de comportements liés aux violations des droits de cette couche vulnérable, notamment l’excision ou les MGF, Mariage précoce et forcé, et d’autres formes de violences faites à l’égard des filles et femmes. Des pratiques néfastes très récurrentes et répandues dans nos sociétés africaines particulièrement dans mon pays la Guinée.
Sachant que, les MGF ne sont pas thérapeutiques,
Sachant que, cette pratique qui consiste à l’ablation du clitoris ou des petites lèvres de l’organe génital ne sont pas sans conséquences sur la jeune fille,
Sachant que le combat pour l’abandon de l’excision dans mon pays devient de plus en plus une réalité en Guinée

Sachant aussi que, (ma fille), la fille aimée de mon frère jumeau Ibrahima sory Camara a été victime de l’excision ce jour 15 juillet 2017 dans notre village à Kanfarandé en Basse Guinée (région administrative de Boké), sans notre consentement nous avons  décidé mon jumeau et moi en compagnie de certains de mes collaborateurs (pairs éducateurs de mon centre CECOJE et journalistes) de réagir.

 En réagissant, nous avons préféré utiliser le lobbying. Une stratégie qui ne réussira pas malheureusement. Car, les responsables du village, les parents des exciseuses et la communauté villageoise elle-même, avaient déjà une position prise contre les journalistes venus pour relayer l’information et les jeunes qui sont venus sensibiliser afin de faire comprendre aux uns et aux autres que cette pratique n’est autorisée ni par la loi ni par la religion.
Pensant que les jeunes qui sont en face d’eux, étaient venus saper les valeurs et les traditions laissées par leurs ancêtres, la causerie éducative s’est soldée par la révolte d’un groupe de jeunes du village qui estimait que, parce que notre fille a été victime, nous pouvions réussir à mettre fin à la pratique de l’excision dans ce village.

 Tout à coup, des injures, jets de pierres et bastonnades à coup de bâtons à notre endroit s’en sont suivis. Et du coup, c’était le sauve-qui-peut. J’ai réussi à m’enfuir avec la fille de mon jumeau Mabinty Camara (victime).
Bilan: plusieurs blessés et des maisons détruites.
Le lendemain, j’ai appris que mon frère jumeau a été interpelé et déféré à la maison centrale de Boké où il fut emprisonné sans être jugé.
Depuis cette date, mon frère est porté disparu. Aucune nouvelle de lui. Là où je suis, je n’ai que mes yeux pour pleurer. Je ne sais où est passé mon jumeau, mon frère de sang !
Je suis allé à la maison centrale de Boké, on m’apprend qu’il s’est évadé depuis….. et qu’un mandat d’arrêt est lancé contre lui pour meurtre.
Aujourd’hui je suis menacé d’emprisonnement, je suis la seule cible à abattre par les autorités. En vertu de quoi? Je me demande. Je compte aussi saisir les jours à venir la justice pour me rétablir dans mes droits.
À cause de notre noble combat nous sommes accusés à tort.
A cause d’un village où il existe toujours des pratiques malsaines, ignobles, Ibrahima est resté introuvable, j’apprends même par voix de presse que mon jumeau est recherché par les autorités et par son entreprise et qu’un mandat d’arrêt a été lancé contre lui. Que vais-je devenir sans lui? Tous nos parents  sont décédés. Je ne comptais que sur lui.

Je sollicite le soutien et l’accompagnement de tous pour m’aider à retrouver mon jumeau.

Alhassane Camara, Journaliste, Pair éducateur

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